Histoire de jeter un peu de vitriol dans le bénitier de la bien-pensance, deux documents pour pourrir, euh pardon nourrir un peu plus le débat:

1/ Alain Finkielkraut s’entretient avec Élisabeth Lévy sur le mariage pour tous dans l’émission « L’Esprit d’escalier » (chaque dimanche de 12 h à 12h 30 sur la radio RCJ).

2/ Un article de Renaud Camus publié le 17 novembre 2012 dans Causeur et intitulé « Même pas contre »:
« Un article contre le « mariage gay », Patronne? Mais c’est que je n’ai pas que ça à faire, moi! Je travaille, j’ai une famille de chiens à nourrir, un branlant manoir à soutenir, un parti politique à conduire au pouvoir, sept ou huit livres à mener de front pour essayer de ne pas trop mourir de faim. Vous n’auriez rien de plus sérieux, comme sujet à me proposer? Dois-je vous rappeler que la France est en train de changer de peuple, que l’Iran va avoir la bombe, que la démographie de notre pays connaît la croissance la plus alarmante d’Europe, que 60 000 hectares sont artificialisés tous les ans, que si ça continue comme ça, la banquise va bientôt croiser au large de la Casamance?
Parlons-en, de la banquise. Moi qui suis phoque autant qu’on peut l’être, même si j’ai fait valoir mes droits à la retraite, et ancien combattant du front achrien, gay d’honneur malgré les soucis, votre histoire de « mariage gay », là, je ne veux même pas être contre, tellement je trouve ça ridicule. Qu’ils se marient s’ils le veulent, je ferai semblant de ne pas les connaître. D’ailleurs, je n’en connais déjà pas, de candidats à cette farce. Non, vraiment, c’est trop la honte pour l’homosexualité, cette histoire, et surtout pour l’amour des hommes. Abaisser « tout ce triomphe inouï », comme on dit dans Parallèlement*, à une imitation kitsch de l’hétérosexualité, ramasser ses restes, en somme, au moment où elle les oublie dans son assiette, ah non! Entre nous, c’est encore un coup de l’égalité qui, décidément, n’en ratera pas une. C’est comme si les géants voulaient être jockeys, au prétexte qu’y a pas de raison. Vous voyez Verlaine et Rimbaud devant M. Raoult, vous? Whitman convolant en juste noces avec un de ses camerados? Rien que d’y penser, on tournerait straight, sans vouloir vous désobliger.
Ce n’est pas à vous que je devrais dire ça, Patronne, mais non, c’est vraiment trop débandant, comme idée. Vous en avez déjà vu, des mariages gays? On se croirait chaque fois dans un gâteau Leader Price, sous sa coquille en plastique. Et plus ça a coûté, plus ça fait travelo au carré, Michou délocalisé à Cannes. Moi je crois que l’esthétique dit la vérité des choses: wysiwyg – vous voyez l’enveloppe, vous savez à peu près ce que dit la lettre.

J’avoue qu’entre les chars de la Gay Parade et les dessins de Jean Cocteau, j’ai toujours eu un problème avec le folklore pédérastique.
Comme les garçons, pour moi, c’est l’objet du désir, et que je ne sais rien de moins sexy que tout ça, de mieux coupe-la-chique et petit-bourgeois, je ne me sens pas concerné. L’adoption, bon, là, je ne dis pas. L’homosexualité, y compris la plus chaste et collet monté, a les meilleures références en matière de pédagogie, depuis vingt-cinq siècles et plus. Je me demande même si ce n’est pas elle qui l’a inventée. Hélas c’est l’adoption en général, pas spécialement l’homosexuelle, qui me semble à remettre en cause. Trouver des parents aux enfants, très bien. Mais des enfants aux parents… »

*Parallèlement est un recueil de poèmes de Verlaine publié en 1889.

Pour monter d’un cran dans le niveau de la réflexion: « Tous pour le mariage pour tous? » avec Irène Théry, directrice d’études à l’EHESS et Paul Thibaud, philosophe, ancien directeur de la revue Esprit.

Illustrations: photographie de Brad Wiederholt /© Causeur.fr Radio RCJ

  1. Cédric says:

     » Dois-je vous rappeler que la France est en train de changer de peuple… »

    Ben oui, comme depuis toujours, petit monsieur Camus, le « peuple d’un territoire », c’est le peuple qui y vit et qui vient de là où il vient. « changement de peuple » qu’est-ce que ça veut dire ? Y’a des couleurs qui vous reviennent pas ? je ne vois là qu’une illustration de la peur de « l’autre ». Et puis en remontant un peu plus loin que le bout de son nez, TOUT le peuple de France il vient d’Afrique (oui il y a bien longtemps avant même que cela s’appelle « Afrique »), alors votre « changement de peuple » ça me fait doucement rire, petit monsieur Camus.

    ( désolé Cher Lorgnon, ce commentaire ne s’adresse pas à vous, mais je n’ai pas pu m’en empêcher ! 😉 )

    1. Cédric says:

      Je me suis laissé emporter par un élan, je retire le « petit » à « petit monsieur Camus », c’est son idée que je juge petite, minable, ridicule. Voilà qui est rectifié. 🙂

  2. Nuageneuf says:

    « Parallèlement », on se permettra de souligner l’acronyme Wysiwyg et son contraire Wysimolwyg, tombés en désuétude dès après les années 70. Il montre à merveille les prodiges que la langue anglaise, ou dans le cas présent, américaine permettent. Raccourci idéal et surexploité dans les discussions commerciales, cela signifie à propos d’un échantillon que l’on présente à un client potentiel :

    « Ce prototype, ou cette finition, ou ce traitement de surface etc, etc…, c’est du Wysiwyg : ‘What You See Is What You Get’
    alors que mon concurrent vous montre du Wysimolwyg : « What You See Is More Or Less What You Get ».

    Bien cordialement.

  3. Cédric says:

    Tiens, y’a un « brindehaine » qui veut me chatouiller, continuez ça me fait rire… 😉

    Plus sérieusement, vous pensez ce que vous voulez, moi je dis que réduire un être à son origine, c’est minable. Point.

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Patrick Corneau