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Le poids des mots, le lumbago du libraire…

L’été a vécu, les feuilles jaunissent, la rentrée littéraire se profile… Le libraire (corporation désormais reclassée manutentionnaire/agent de magasinage), la mine maussade face à cet accident industriel, commence à charrier les kilos et kilos des 654 romans dits « prometteurs » (i.e. aussi vite oubliés qu’invendus) de cet immense holocauste littéraire.
Le lecteur téméraire qui aurait un excédent de temps et d’argent doit impérativement conserver son ticket de caisse. Ce qu’a fait Dominique Bry: payer 22,50€ pour éreinter (avec brio, certes) le pire opus* de ce suicide commercial collectif est un sacrifice qui assurément mérite réparation…

Mieux, comme cet éditeur-résistant, je vous invite à refuser de prêter le concours de vos forces à cette sinistre farce, une des multiples formes déguisées – et perverses – de haine mercantile de la littérature.
Donc,
– Je ne publierai rien à propos de la rentrée littéraire.
– Je ne lirai aucun article sur la rentrée littéraire.
– Je ne discuterai d’aucun des livres de la rentrée littéraire.
– Je n’achèterai aucun des livres de la rentrée littéraire.

Sic transit gloria mundi litterarii…

* L’article dithyrambique de Sylvain Bourmeau dans Libération est d’une rare bassesse d’esprit (pouvait-on espérer autre chose de ce bourdieusien, incarnation exemplaire de l’alliance entre journalisme et Propagande?).

Illustration: Photographie Christine Marcandier/Mediapart.

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  1. Horreur et damnation du génie littéraire…

    Le texte de la librairie en ligne « Durance » est extraordinairement original :
    « La beauté naît du flirt intime entre le monde et l’imagination. » Aussi fugace soit-elle, la rencontre avec la beauté est une expérience bouleversante. Partant d’un souvenir personnel ? l’apparition d’une femme ?, Frédéric Schiffter invite le lecteur à une méditation philosophique sur la beauté des paysages et des œuvres qui ont marqué sa vie. Une flânerie érudite à travers les films, les livres, les œuvres d’art, qui nourrit avec délicatesse notre éducation esthétique. »

    Outre le ‘copier-coller’ impeccable. Notons l’esthétique plus poussée du site – ainsi que des références aux autres ouvrages.
    …Ca frise le génie commercial.

    http://www.librairiedurance.fr/9782746732797-la-beaute-frederic-schiffter/

    1. Cédric says:

      Ne serait-ce pas là simplement la quatrième de couverture reprise sur tous ces sites commerciaux ?

      Lors du billet précédent, il était question de livres vilipendés sans même avoir été lu. Voici l’exemple d’un livre défendu avant même son ouverture (ah, l’amitié ! 😉 ). (Nul jugement dans ma remarque, chacun fait et écrit ce qu’il veut, ça m’amuse simplement de le souligner…)

    2. V. says:

      Décidément, chère Virginie… Figurez-vous que le tenancier de cette librairie est un de mes plus chers amis. L’amitié donc préside à ce commentaire pour souligner que la librairie Durance est une des dernières librairies indépendantes de Nantes (voire de France !!). Rien que pour cette « résistance » face à la grosse feunak, on peut fermer les yeux sur l’austérité de la présentation. Non?

    1. Cédric says:

      Je ne sais pas ce qu’est l’amitié, mais encore moins ce qu’est la rancune, croyez-le ou non. 😉

      Ça n’était qu’une petite remarque « empêcheuse de tourner en rond » inutile, il y a en moi autant de rancune que d’importance dans mes mots.

      Sans rancune. 😉

  2. Rodrigue says:

    Vous avez pris Cher Lorgnon, une bonne résolution propre à épargner vos nerfs, vous éviter la contagion du médiocre, et vous garder le teint frais. La littérature a plus deux siècles, se conjugue dans des milliers de langues, de pays, et, heureusement, de traductions. Pourquoi devrions-nous sacrifier à un rituel parisien une fois l’an ? La vie existe partout, et parfois même beaucoup mieux ailleurs.

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Patrick Corneau