Dans une chronique écrite pour Le Nouvel Observateur, Mona Ozouf a donné du bonheur une définition que je fais mienne: « S’asseoir dans une vénérable bibliothèque, à une place qu’on souhaite toujours la même, tant lire est une activité cérémonielle qui exige le respect d’un rituel ; savourer la paix, le silence et la clôture qui, l’espace de quelques heures, vous soustraient au vacarme d’un monde agité ; attendre les ombres bienveillantes qui déposent devant vous, comme la promesse du jour, les livres en pile : on peut y voir une image assez ressemblante du bonheur ».
Il reste, quand on a relevé le nez de la page, à sortir de « cette torpeur utérine » et aller « où les pas vous mènent, le nez en l’air, l’œil et l’oreille ouverts à l’éventuel, zigzaguer comme les enfants en promenade, bifurquer, se perdre, se faire réceptif aux bruits et aux visages : c’est une autre image du bonheur ».

Alain Finkielkraut a reçu Mona Ozouf le samedi 7 janvier 2012 dans Répliques (« Les livres pour patrie« ), l’émission qu’il produit et anime sur France Culture: un entretien de haut vol sur une cause en perdition (hélas!) et les moyens de la défendre (ou de la restaurer). Est venue inévitablement la question de la nécessité même de la littérature (quelle tristesse d’en arriver là…), belle et édifiante réponse (à écouter ici) de Mona Ozouf: « La littérature nous pourvoit en dons que nous n’avons pas ».

Illustration: école russe dont l’auteur m’est inconnu.

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  1. k.role says:

    on ne comprend pas ce qu’on lit, si on n’entend pas ce qu’on lit… évidemment ! retrouver l’oralité des textes, leur vitalité, et éveiller la curiosité. La lecture est une activité plus sensuelle qu’intellectuelle : pour moi, je le crois.

  2. Cédric says:

    La littérature n’offre pas, elle ne fait que révéler ce qu’on a en soi.

    Elle ne nous fait comprendre que ce qu’on est aptes à comprendre.

    On s’offre à ce qu’on lit.

  3. V. says:

    Imaginons une immense maison composée d’un nombre considérable de pièces et d’étages. Imaginons que toutes ces pièces aient été laissées dans l’obscurité. Et bien il se trouve qu’au fur et à mesure de mes lectures, c’est comme si chaque pièce de cette maison s’était éclairée de la lueur d’une nouvelle flamme.

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Patrick Corneau