Quand j’étais enfant, tous les dimanches je fréquentais l’église Saint Jean Baptiste (à l’époque, cette église n’était pas enlaidie, gâchée, comme à peu près tous les lieux de culte aujourd’hui par des banderoles, dessins d’enfants pitoyables, affiches, proclamations moralisatrices et de ce fait, fort peu religieuses…). Peu sensible à la rhétorique sacerdotale, j’étais davantage intéressé par la musique et l’art religieux, notamment par les rutilances du beau vitrail de la nef illustrant le baptême du Christ par son cousin Jean dans les eaux du Jourdain. 

Un détail m’obsédait: il me semblait voir caché dans les plis de la tunique du Rédempteur à la hauteur du genou, la face sarcastique du Malin se réjouissant à l’avance du travail de sape qu’il s’apprête à engager…

Je sais bien ce que peut receler de naïf cette illusion visuelle surgie dans la tête d’un enfant à l’imagination un peu vive. Néanmoins, il y a là une métaphore qui renvoie à une préoccupation d’un autre ordre. Cette inclusion native, cette incorporation séminale du Mal dans le Bien me paraissait un mystère tel qu’une vie entière ne suffirait pas à le résoudre. Comme le loup de la devinette qui se cache dans sa propre image au milieu des branches du pommier, ainsi se dissimule cela que nous cherchons et/ou fuyons.

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique (cliquer sur le détail du vitrail).

  1. lignesbleues says:

    mieux vaut projeter ses angoisses sur une imagerie 19ème (et en Bretagne, il y a beaucoup de possibilités) que n’avoir rien à projeter du tout sur les affligeantes affiches, rayons de Nous voici et bienheureux Jean-Paul…

    1. « Laissez venir à moi les petits enfants » (Matthieu 19 : 14), la phrase du Christ a servi (hélas) pour une Église à bout de souffle à cautionner une certaine démagogie infantile et « jeuniste » (voyez les JMJ). Les cris des enfants et leurs « productions » ne suffiront pas, seuls, à reconquérir les audiences perdues.
      🙂

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Patrick Corneau