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« C’est l’histoire d’un jeune homme qui, dimanche 24 avril, apprend le meurtre de la famille Ligonnès. Le fait divers le fascine. Sur Google, il cherche des infos. Dégote un mail que la famille a laissé sur une page consacrée aux labradors. Grâce à ce mail, il fait le lien avec d’autres chouettes infos: le papa, potentiel meurtrier, avouait des tendances mystico-sacrificielles sur le forum La Cité catholique. La maman évoquait – elle aussi sous pseudo, mais sur Doctissimo – ses pro­blèmes conjugaux et sexuels. Le jeune homme décide de créer une page Facebook, « Xavier Dupont de Ligonnès: Enquête et Débat », pour discuter de ses trouvailles. En quelques heures, il est rejoint par une centaine de Sherlock Holmes amateurs, qui approfondissent ses investigations, affinent le profil psychologique de la famille… Le lun­di matin, police et médias découvrent, stupéfaits, qu’ils ont été grillés par des amateurs. Doublés, pour la première fois de leur histoire, par une enquête collaborative de citoyens – une « wiki-enquête ». Histo­rique. Les détails croustillants sont mis en « une » de certains médias, les contributeurs de Tapage Facebook, de plus en plus nombreux (jusqu’à 900), sont aussi de plus en plus fantaisistes, voire agressifs. La page est fermée, puis rouverte. Le jeune homme, que nous avons joint au téléphone, s’avoue « dépassé ». Terré derrière un pseudo, Christophe La Vérité, il a « viré au maximum [s]es propres traces de vie privée sur le Web ». Contrairement aux parents Ligonnès, il sait combien une confession sur le Net peut être livrée, des années plus tard, à l’appé­tit jamais démenti des médias et du public. »
Chronique d’Emmanuelle Anizon dans « Signe du temps », Télérama n°3199, 7 – 13 mai 2011.

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Edifiant, non? Délations, ragots, lynchages sous pseudo et fouilles-merde à la petite semaine, Facebook c’est aussi Clochemerle à portée de clic et la réseausurveillance Orwellienne au bas de chez nous. La liberté d’internet comme vertu démocratique peut donner le meilleur comme le pire de la… démocratie.

Illustration: Anonyme

  1. taniledo says:

    Ah oui, c’est terrifiant, « fouille merde à la petite semaine », fascinés nous sommes, dérangés et voyeurs à moindre coût, dérangés quand même,
    avides ???
    parce que dépossédés de nous mêmes, nous à qui rien n’arrive et qui recueillons ces nouvelles glacantes d’un autre qui nous habite sans que nous en franchissions le pas. Jamais,
    mais fascinés, oui

    Défragmentations d’un monde qui ne devrait pas être nôtre, Cher M. Lorgnon, nous devrions être ailleurs…
    En bonheur de la pousse nouvelle du rosier qui se décide à envahir la porte d’entrée et qui, la nuit tombée, à la lampe discrète allumée devant la cheminée, répand odeur et couleur depuis la terrasse où s’échangent les moments de vies, de rires et de partages, où roulent douleurs et bonheurs, le verre partagé, et surtout surtout,
    oublier l’écran, et rire et bailler, se coucher comblés de vraie vie.

    C’est tout ça à la fois,
    les heures passées devant l’écran,

    les moment de grâce de l’amitié partagée qui nous mettent si loin du Facebook, de vos beaux écrits et lucidités,
    la vie est « aussi »ailleurs et c’est tant mieux

    OUI, OUI, OUI ! ! ! 🙂

  2. lignesbleues says:

    Mais, Monsieur Lorgnon, comme dit mon voisin (voisine) du dessus, n’est-ce point une petite icône cliquable-facebook que je lorgne ci-dessus ? La meilleure défense, c’est l’abstention
    (:-)

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Patrick Corneau