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« Son kimono était gris à flammes rouge et or, ses cheveux relevés luisaient sous la même lumière jaune qui avivait l’intensité de son visage. Elle se tenait immobile, 9782070411290_1_75.1299855154.jpgfigée, scénique. Il saisit son appareil de petit format et son flash et la mitrailla en ektachrome, si vite et sur un rythme si régulier que le cli­quètement chuinté et étouffé de l’obturateur semblait marquer une division du temps. Ce n’étaient pas des secondes qui s’écoulaient, mais un temps photographique, un temps où le temps même était absorbé et conservé. Quand il eut fini, il dit: ‘Vous êtes très belle.’ Cette phrase le charma par ses limi­tes. Seuls comprenaient tout de vous ceux qui ne comprenaient que peu de mots. C’était très rassurant: entre gens de même langue, le langage gâchait beaucoup de choses, parce qu’avec la parole, pensait-il, commençait toujours le mensonge. »
Mokusei!, Cees Noteboom, Folio, Gallimard, 2000.

ferli4.1299854891.jpg“La distance est la condition de l’échange” a dit Maurice Blanchot. Ce qui n’empêche pas non plus l’empathie pour un peuple qui connaît présentement une tragédie à la mesure de l’extrême civilisation qu’il a su porter « contre vents et marées »…

Illustration: photographie de Masahiro Makino/Flickr

  1. Rodrigue says:

    Seul le séjour à l’étranger peut faire vivre la valeur du langage et celle du silence, et la radicalité de l’Autre

  2. gu seok pil says:

    Oh que je suis d’accord avec le commentaire ci haut ! l’expérience de vivre à l’étranger en tant qu’étranger est plus que précieuse : elle est vitale, nécessaire à qui s’engage dans un chemin de la compréhension du monde et de l’être. Blaise Pascal dit : « vérité au deçà des Pyrénées erreur au delà » , il faut aller se confronter et au deçà et au delà

    Récemment l’expérience d’une pâtisserie du Xinjiang dégustée dans un restaurant de Pékin m’a amené à une sorte d’expérience philosophique : http://poesie-et-racbouni.over-blog.com/

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Patrick Corneau