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hmorganlettrine2.1295107850.jpg« Le sage sait que le Nord de la prudence est de s’adapter à l’air du temps » disait Baltasar Gracián. Sans doute, mais l’homme averti sait aussi qu’il faut lire « l’air du temps » à la lumière des oeuvres du passé. Ainsi, la réédition de L’homme de cour du même Gracián préfacé par Marc Fumaroli invite à quelques remarques intempestives sur notre époque.
Gracián pulvérise les fausses valeurs, si actuelles, de l’image, de l’ambition, du pouvoir, du lucre, de l’humanitarisme en une philosophie au marteau qui brise sans pitié les idoles clinquantes (la « transparence ») et les faux-semblants (la tyrannie de la « pub » et de la « com »). Il leur oppose l’éducation, l’art et la culture qui, de l’homme brut, font une personne civilisée, pleine d’urbanité. Rosse, féroce, ce conseil qui ne réjouira pas les tenants du charity-business:
Ne se pas perdre avec autrui (
Maxime CCLXXXV)
Sache que celui qui est dans le bourbier ne t’appelle que pour se consoler à tes dépens, quand tu seras embourbé avec lui. Les malheureux cherchent quelqu’un qui leur aide à porter leur affliction. Tel qui, durant leur prospérité, leur tournait le dos, leur tend maintenant la main. Il faut bien aviser à ne se pas noyer en voulant secourir ceux qui se noient.

Si vous aimez Montaigne, Machiavel, La Rochefoucauld, Vauvenargues, Lichtenberg, Joubert, Chateaubriand, Schopenhauer, Nietzsche, Giacomo Leopardi, Gomez de la Serna, Macedonio Fernandez, Nicolas Gomez Davila, Perros, Cioran… vous ne pouvez ignorer Baltasar Gracián.

Illustrations: Gallimard / extrait sonore de l’émission « Balthasar Gracián, éducateur » avec Marc Fumaroli et Stéphane Vaquero, Répliques (France Culture) du 15 janvier 2011.

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Patrick Corneau