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« Je n’ai pas besoin de croire en Dieu pour croire en Dieu. »

ferlimortar11.1292762191.jpgCette phrase de Christian Bobin, qu’il dit ne pas comprendre même s’il l’a écrite, est une des plus profondes que j’ai jamais lues. Sentiment fort que quelque chose de très important est dit, dans un langage qui n’est ni philosophique ni religieux. Elle semble dire une chose tellement évidente que nous ne la comprenons pas. Obscurité éloquente ou clarté muette? Conviction et malaise de devoir penser autour encore et encore, tournant et retournant sur lui-même ce paradoxe comme un gant. Alors éclate la lumière de sa vérité, comme un kōan zen.
C’est dans l’énigmatique mutisme du sens convenu qu’un écrivain est à la hauteur de ce qu’il est. Une main invisible* soudain pousse la plume.

* »Croire être l’auteur, et le seul, de ce que l’on fait, ce serait se découvrir aussi abandonné que Dieu, écrasé par les réussites autant que par les échecs. »

Illustration: photographie de kkzyk (busy)/Flickr

  1. Rodrigue says:

    La seule chose importante pour moi est que d’AUTRES puissent croire. Pour moi-même, cette croyance constituerait une incroyable prétention, et un désaveu à ce que je vois chaque jour. Mais l’humain a besoin d’idée, de croyance, de poésie… J’ai, comme tout le monde, mes mythes, et je les entretiens comme tels!
    Je partage votre point de vue. Hier, il y avait une notule dans le Monde des livres sur une réédition des Essais sceptiques de Bertrand Russell dont j’ai extrait la citation suivante: « L’argument fondamental pour la liberté d’expression est le caractère douteux de toutes nos croyances. » C’est un bon commentaire à votre commentaire… 🙂

  2. Natacha S. says:

    Bertrand Russel à côté de Christian Bobin, cela me va bien, j’y retrouve mon équilibre.
    Je me méfie des phrases parfaites (dans la poésie) de Christian Bobin.
    Tous les dimanches matin sur les ondes de la Radio Suisse Romande (Espace 2), nous avons cinq minutes de chronique de Bobin, avant la messe et le culte retransmis d’une de nos belles campagnes, ou montagnes.
    Ce qu’il dit est si beau – BEAU –, tellement beau que j’ai la sensation, durant quelques secondes, que je pourrais adhérer à sa foi. Les cloches radiophoniques me rappellent que je crois en la poésie comme source de vie, la poésie et rien d’autre!
    Ceci dit, je vous souhaite un bon dimanche.

    Merci pour ce beau credo. Je vous souhaite aussi un bon dimanche (avec un peu de poésie). 🙂

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Patrick Corneau