hirschvanite.1289809309.jpghmorganlettrine2.1289930476.jpgUne vision en forme de ballade sur la façon dont notre époque recycle et anesthésie la mort dans les musées et les fondations:

« Les Vanités sont à la mode. Deux exposi­tions, au moins, cette année. Des sabliers aux mouches collées, des bulles aux crânes paro­diés, la mort gothicisée, crânement défiée, fait son grand retour. Mais le vide semble oublié. Vanité sans vacuité.
Vanité anesthésiée. Mourir, c’est dur, sans doute. Enfin, une fois que c’est fait… Et la vie dans tout ça? La vaine vie a déserté les salles du musée. Vanités édulcorées.
On ne nous la compte plus: pas question de se morfondre en lugubricités.

La mort, on verra bien. La vie, on la vaut bien.

Blaise et son malaise? Foutaises.

La mort, on verra bien. La vie, on la vaut bien.

De gels douches sensuels en voyages organi­sés, toute une existence pour s’éclater.

La mort, on verra bien. La vie, on la vaut bien.

La vie, on la vaut bien. Seniors avant d’être morts, se « faire plaisir » et puis mourir.

La mort, on verra bien. La vie, on la vaut bien.

Vanité des vanités : le produit dérivé de la mort annoncée dans les boutiques des musées. Il vient à juste titre nous le rappeler. Le T-shirt vanité (quelle taille? XXL, c’est pour mon linceul), la gomme squelette, le magnet mortuaire.
Le macabre est là. Mais le gadget s’impose. Loin de neutraliser les images morbides, il les complète et les démultiplie. Les fait vivre. Vérité des vanités. Actualité des vacuités.
C’est là que ça se passe! Dans les boutiques des musées, loin de la mort patrimonialisée.

La mort, on verra bien. La vie, on la vaut bien.« 
Mara Goyet, Formules enrichies, Café Voltaire, Flammarion, 2010.

Illustration: « Vanité » par Damien Hirsch

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Patrick Corneau