« Ce qui est le plus violent dans la télévision, ce n’est pas son contenu, ni même la possible déréalisation qu’elle peut produire. C’est que l’image télévisuelle ne semble jamais manquer de rien. Elle n’a pas de hors champ: on n’y re­marque pas une absence (dans les émissions dites littéraires, par exemple, aucun poète). La hantise de la télévision, c’est l’interruption du flux, la coupure son, la grève, tout ce qui pour­rait affecter sa continuité. Quiconque cesse de la regarder, ne serait-ce qu’une semaine, et la rallume brusquement, peut mesurer sa vulga­rité, l’insignifiance de la majorité de ses pro­grammes. »
Stéphane Audeguy, Petit éloge de la douceur

ferliprots.1290104462.jpgA tous ceux qui regardent la télévision déverser « tout le flot de purin de la mélodie mondiale »* en l’analysant haineusement, tout en ne réussissant jamais à tourner le bouton de « la bourdonnante, radieuse petite boîte à ordures »*, je dédie cette sublime et éloquente séquence vidéo :

*« La radio » poème de Francis Ponge, Pièces, 1961

  1. La dernière interview télévisée de Nicolas Sarkozy est un modèle du genre : l’image de la majesté surplombant les trois petites vignettes avec les bobines des journalistes révérencieux, et dans leurs petits souliers, était on ne peut plus parlante.

    Trois chaînes mobilisées en même temps (12 millions de téléspectateurs), pour voir en direct un véritable sketch de « Rires et chansons » et entendre le président de la République complimenter publiquement la femme « intelligente » qu’il a l’immense chance d’avoir sous la main, cela vaut le coup, finalement, de payer la redevance pour ça.

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Patrick Corneau