anne-far-away4.1249048675.jpghmorganlettrine2.1249048807.jpgUn tumulte dans un nuage de poussière est parfois tout ce que nous pouvons percevoir d’une exitence.
Manault D. est comédienne, auteure et voix pour des radios. Elle écrit aussi des pièces de théâtre, des contes pour enfants, des chansons… et des petits textes humoristiques d’une audacieuse noirceur qu’elle distille sur un ton doux, chic et enlevé. « On connaît mon visage, les gens ne m’imaginent pas si impertinente et ‘gon­flée’. Blonde, on me prend toujours pour ce que je ne suis pas » aime-t-elle dire. Manault cache son jeu. Guerrière mais hypersensible. Avec pudeur, sans dévoiler ni les raisons ni les circonstances, elle assure « avoir déjà bien vécu dans la gamme des émotions ». Enfance auprès d’un père italien fan d’opéra et d’une mère berbère-bretonne. Adolescence accompagnée par Gustav Mahler, un compositeur torturé dont elle connaît l’œuvre entière. Vie d’adulte auprès d’un musicien qui parle à son « âme »: Jean-Sébastien Bach. Et toujours des arbres, comme confidents. « Quand j’étais jeune, je ne m’ai­mais pas. Aujourd’hui, sans narcissisme, j’apprends doucement à m’apprécier. » Décalée, toujours un peu ailleurs, Manault D. est allée si loin dans la recherche d’elle-même qu’elle semble planer dans un monde imaginaire. Elle aime parler de sa grand-mère berbère: « Elle me disait toujours que j’avais les yeux jaunes des chiens du désert. C’était une femme-cyclope, intégralement couverte d’un voile qui ne laissait apparaître qu’un oeil. Mon grand-père lui achetait des babouches rouges pour la repérer plus facilement. » Mystérieuse, élégante, Manault D. sait jouer de l’autodérision: « L’âme féminine n’a pas fini de vous rendre chèvre. »

Illustration: photographie de anne far away/Flickr

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Patrick Corneau