vilhelmhammershoi5.1269538219.jpgLettre de Katherine Mansfield à Dorothy Brett, du 11 novem­bre 1921:
« Tchekhov n’a cessé de répéter sur tous les tons qu’il n’avait aucun problème à résoudre. En vérité, voyez-vous, il considérait cela comme un point faible chez un artiste. Cela le tourmentait, mais il ne sortait pas de là. Aucun problème. Et quand on y songe, qu’était donc le problème de Chaucer, ou celui de Shakespeare? Le problème est une invention du XIXe siècle. Un artiste observe longuement la vie. Il dit doucement: ‘Ainsi, c’est cela la vie?’ Et il s’efforce d’exprimer sa vision. Tout le reste, il le laisse… »

hmorganlettrine2.1269341012.jpgQuestion à poser aux auteur(e)s du 30e Salon du Livre: Quel est votre problème? Ou plutôt, plus « problématique »: par quoi l’avez-vous remplacé?

Illustration: Vilhelm Hammershoi

  1. nomade says:

    Comme disait un foutu réactionnaire payé par la caisse de chômage pour nous stimuler, « y a pas de problèmes, y a que des solutions ».
    Ce crétin m’exaspérait.

  2. Rodrigue says:

    Le seul problême pour un écrivain: être authentique. Et dans la vie plus généralement, comprendre « qu’aimer c’est donner ce que l’on a pas (he oui, l’excellence, le sublime, nous ne le possèdons pas) a des gens qui n’en veulent pas (car, même s’ils en sont heureux après coup, ils ne sont nullement préparés à un tel cadeau !)

  3. oniromancies says:

    « La vie est une perpétuelle distraction qui ne vous laisse même pas prendre conscience de ce dont elle distrait » (Kafka)… et si c’était le problème des écrivains : essayer d’entrevoir et d’expliciter le rapport à ces choses dont la vie les distrait ?

  4. une souris verte says:

    problème : éty > ce qui est lancé en avant ou projeté; obstacle, promontoire.
    Si on considère le mot ds cette acception, on comprend mieux le désarroi de Tchekhov. La création artistique passe nécessairement par le mouvement. En soi ou hors de soi. Mais le mouvement. Ascensionnel de surcroît.
    Et la vue n’est que plus belle du haut de la montagne qui (Sartre l’a dit mieux que moi), du coup, ne représente plus un obstacle mais un allié …

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Patrick Corneau