violencetele.1235240920.jpg

« Et toute lueur de pitié sera éteinte par l’habitude de la cruauté (discours d’Antoine dans Jules César de Shakespeare).
Au théâtre, cette réplique sonne aujourd’hui comme une définition du présent, où le frémissement d’horreur (les cheveux qui se hérissent) s’aplanit dans un enregistrement mécanique du fait horrifiant, qui le désintègre moralement. Les êtres encore capables de frémir véritablement d’horreur, dans un public passé au rouleau compresseur de l’Information, sont des merles blancs. »

Guido Ceronetti, Ce n’est pas l’homme qui boit le thé mais le thé qui boit l’homme, Albin Michel (1991).

hmorganlettrine2.1235894372.jpgLes téléphages que nous sommes devraient inscrire cette phrase sous l’écran de leur téléviseur.
Par ailleurs, rester devant le petit écran plus de quatre heures par jour réduit l’espérance de vie. C’est ce qui ressort d’une étude australienne de six ans portant sur 8 800 téléspectateurs. Ce ne sont pas les programmes en eux-mêmes qui sont nocifs pour la santé, mais le fait de rester longtemps assis. Cette position immobilise les muscles et empêche le corps d’assimiler correctement sucres et graisses. Un conseil aux accros de la télé: en la regardant, faites de la boxe française, de la lutte gréco-romaine, du karaté (sans cruauté, bien sûr)!

Illustration: photographie de Paolo Pedelini (adaptée)

  1. Rodrigue says:

    J’ai suivi votre conseil, et dans une bouffée d’énergie, mélange de boxe, de lutte et de karaté, tous très internationaux, j’ai mis la télévision sur le trottoir (sa place naturelle, bien que non initiale !) et les éboueurs l’ont enlevée. Depuis, je me sens plus calme et j’ai beaucoup plus de temps.

  2. roland says:

    La television ne sera bientot plus un probleme

    Elle a fait son temps. Les nouvelles generations lui preferent largement internet, et son univers des possibles incomparable.

    La telephagie va devenir progressivement, une maladie de vieux, et la television, qui suit son public, va peu a peu se recentrer sur la menagere de plus de 70 ans, comme le pelerin magasine et le magasine notre temps

    L’ecran est toujours la, et, devant, sa dangereuse position assise.

    Et la liberte, l’interactivite, la decouverte, sont toujours plus difficiles que la consommation passive d’idees et d’images suffisamment simples pour passer le filtre impitoyable de l’internet et beneficier de l’effet demultiplicateur de l’information dematerialisees.

    Il y a tout sur internet, mais la mediation naturelle, comme pour la television, se fait par le lissage, l’adequation au plus petit commun multiple, qui permet d’etre repris par les aggregateurs de contenu, les premieres pages des moteurs de recherches.

    Sur la televivion, il n’y avait que ce qui pouvait plaire au plus grand nombre.

    Sur internet, il y a tout mais ce qui s’adapte au plus grand nombre a une resonnance exponentielle, qui noie le singulier… ou plutot, qui l’enfouit : les idees neuves sont la, dessous, pour qui a le desir et la patience de chercher. Pour celui la, les possibilites offertes par internet sont sans mesure avec celles du petit ecran pre-digital

    Ainsi, la ou la television etait un instrument de nivellement par le bas, l’intenet creuse potentiellement les inegalites.

    D’une epoque a l’autre.

  3. Rodrigue says:

    Je suis assez d’accord avec votre analyse. Du même coup, l’esprit a autant de mal qu’avant à se réveiller, à ne pas sombrer dans la communication démagogique, et les quelques exceptions qui tentent de penser sérieusement (c’est à dire à ne pas réfléchir dans la perspective d’un bénéfice quelconque de renommée, de plaisir de l’égo, ou de carrière) n’ont pas plus de possibilité. Ils restent placardisés, boycottés, la société leur signifie qu’elle n’a aucun besoin d’eux, car ses élites détestent tout ce qui pense un peu profondément

Répondre à RodrigueAnnuler la réponse.

Patrick Corneau