hmorganlettrine2.1258654396.jpg3760002136523.1258757326.jpgFirmin Quintrat (1902-1958) est un homme passe-murailles qui n’apparaît que pour mieux disparaître. Ne laissant dans son sillage qu’une plume d’ange sur les lambris de la bibliothèque universelle de Jorge Luis Borges.
Firmin
prit, en 1929, à l’âge de vingt-sept ans, la décision de regarder le plus grand nombre possible de ses contemporains. Il parcourut le monde, les continents et, sans souci d’exhaustivité, il consacra quelques secondes à tous les visages qui se présentaient à lui. Il ne tint pas les comptes de ses rencontres, pas plus qu’il ne confia ses émotions à un journal. Ses yeux furent ses seuls complices. Il n’ignora pas qu’on pût rire de son projet: croisade humaniste, arpentage du monde par amour du genre humain. Non, Firmin Quintrat ne fut pas un ange de charité et de partage, sa bonne parole n’eut jamais ni raison, ni sujet. Il n’a toujours envisagé ce qu’il appelait sa « collection de contemporains », que comme un défi logique, à peine une œuvre. « Mon œuvre, écrivit-il à son frère, puisque je suis artiste, ce ne seront pas des aquarelles, des eaux-fortes, des bronzes, des poèmes, ce seront mes yeux, qu’il vous faudra exposer sous un globe de verre, les yeux de l’homme qui aura vu le plus d’hommes dans sa vie. L’humanité se sera imprimée sur leurs rétines. Ces yeux, il ne faudra plus les envisager comme des outils, ils seront devenus des sommes, des archives, une collection unique. » 
Le silence
ne lui fit pas rencontrer la nuit de saint Jean de la Croix. Son silence salue cette absence qui monte avec le siècle puisque nul ne sait plus déceler l’art où il se trouve. Firmin Quintrat fut un homme heureux, c’est-à-dire un artiste sans œuvre.

Illustration: anonyme.

  1. une souris verte says:

    Votre article est extrait de :
    Artistes sans œuvres / I would prefer not to de Jean-Yves Jouannais, avec une préface de Enrique Vila-Matas, ISBN 978-2-07-078536-0, paru aux éditions Verticales.
    Citez au moins vos sources !!!
    Mine de rien, il y a des gens qui vous lisent attentivement ici … 😉


    Futée la souris verte ! N’a pas besoin de lorgnons pour bien lire, semble-t-il… Oui, Firmin Quintrat est un « fake » emprunté à de magnifiques imposteurs auxquels je rends hommage.
    Mais comme dit Brecht: « Chaque chose appartient à qui la rend meilleure »… 😉

  2. une souris verte says:

    Plus curieuse qu’ (af)futée 😉
    Et dès que vous évoquez quelqu’un que je ne connais pas, je m’en vais glanner des renseignements, sur internet notamment…
    Merci pour la qualité de vos articles (même plagiés 🙂 et l’ouverture culturelle que vous ns apportez. Je vous l’ai déjà dit mais … bis repetita placent (Moi aussi ch’sais causer par citations, nan mais !).

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Patrick Corneau