hmorganlettrine2.1259664501.jpgIl y avait le « savoir-faire » et le « savoir-être », les deux piliers sur lesquels repose l’efficience des salariés. N’y aurait-il pas lieu d’introduire du côté du salariat le « devoir-faire », scrupule éthique ou réflexion déontologique sur ce que le travailleur dans sa dignité est prêt à accepter ou pas. Ce reportage sur la surveillance au travail pose la question de manière aigüe. Selon les propos du patron d’Euroclean Service, le logiciel dit « pointeuse mobile » permet de « visualiser si le salarié est présent sur le site mais uniquement pour prévoir un remplacement et se soucier du devenir de ce salarié. » L’expression devenir de ce salarié est pour le moins lourde de sens: une explication? un blâme? un licenciement? Le soupçon du « vol d’heures » n’en est pas moins là et obère grandement la nécessaire relation de confiance entre employeur et salarié. La suite du reportage est édifiante sur ce que Michel Foucault avait appelé le panoptisme (« technique moderne d’observation transcendant l’école, l’usine, l’hôpital et la caserne ») qui traverse dorénavant toutes les situations de nos vies au travail (géolocalisation, biométrie, etc.), à notre insu le plus souvent, et les propos du représentant de la CNIL ne nous rassurent pas vraiment. Quant au final sur les écervelées « enpucées » (ayant incarné dans leur être le droit tarifé de s’éclater dans une boîte de nuit), il en dit long sur la capacité de « servitude volontaire » des générations à venir.

Illustration: Vidéo extraite du Journal de 20 heures, lundi 30 novembre, France2.

  1. C’est marrant, j’ai vu « en live » cette dame – au nom tout à fait évocateur – dans le reportage reproduit ici et je me disais qu’elle exerçait un bien beau métier !

    Mais finalement, elle se trouve prise à son propre piège puisque « captée » elle-même en train de se livrer à son espionnite aiguë qu’il faudrait peut-être soigner par un vaccin spécial ?

  2. nomade says:

    perso, je pratique le « savoir ne rien faire ». C’est bon pour le moral, j’économise les frais de psy, et je rigole à voir ceux qui se démènent comme des beaux diables pour passer l’objectif (celui de la caméra et celui imposé par leur patron) en keepant le smiling, comme dans les dernières images du film sur le roman de Kazantzaki, « La 25éme Heure ».

    J’approuve… 🙂

  3. Rodrigue says:

    « la 25ème heure » roman de V. Ghoerghui ? L’époque semble vouloir réaliser ce que des écrivains ont relatés comme des cauchemards

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Patrick Corneau