ilamnudds.1250711197.jpghmorganlettrine2.1250711223.jpg« La Venise d’aujourd’hui est un vaste musée dont ne cessent jamais les grincements du petit portillon qui vous y a introduit; c’est au milieu d’une horde de compagnons de visite que vous traversez l’établissement. Il n’y reste plus rien à découvrir ou à décrire, et un comportement original y est complètement impossible […] vous n’avez souvent que l’issue de tourner le dos aux amateurs impertinents, et de maudire leur manque de délicatesse. »*
Ainsi Henri James se plaint-il (déjà!) du tourisme de masse et du sans-gêne des visiteurs. Proust affirmait qu’il valait mieux voyager à Venise avec Ruskin, l’auteur des Pierres de Venise dont il avait été le traducteur, plutôt que de s’y rendre effectivement. « Il faut choisir entre le musée et la vie » constatait Paul Morand dans ses Venises**.
Laissons le dernier mot à Ramon Gomez de la Serna:
« Etre à Venise c’est croire que l’on est à Venise. Rêver de Venise, c’est être à Venise. »***

*Henry James, Heures italiennes, La Différence, 2006.
** Gallimard, L’Imaginaire, 1983
***Greguerías, Editions Cent pages, 2005

Illustration: photographie de llamnudds/Flickr

  1. Rodrigue says:

    La grande originalité de Venise est qu’elle est éternelle … Mais comme l’éternité n’est guère compatible avec la vie elle est embaumée. Du coup, sa beauté est encore plus folle. Elle est aussi la preuve de ce que peuvent faire les hommes quand ils ne veulent pas laisser le temps détruire les chefs d’oeuvre.
    Le parfait contre exemple étant Angkor Vat au Cambodge où les fromagiers dévorent les temples

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Patrick Corneau