Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas…
là-bas… les merveilleux nuages!
*

lg.1235898541.jpg

hmorganlettrine2.1235898665.jpgL’ennui mortel des vols longs courriers fait que je n’aime pas les voyages en avion.
Excepté pour le spectacle grandiose et rassérénant d’une mer de nuages. Loin au-dessous d’eux, il y a le monde sublunaire des ennemis et des collègues, les lieux de nos terreurs et de nos chagrins; infinitésimaux, microscopiques, leur innocuité est désormais assurée. Loin des yeux, loin du cœur et de l’esprit: cette vieille leçon de perspective ne semble jamais aussi vraie que lorsque nous appuyons notre front sur la vitre froide du hublot. Ce grand aveugle qui nous emporte à travers le ciel dans sa carlingue est devenu un maître de sagesse profonde et un adepte de l’aspiration baudelairienne:

Emporte-moi, wagon! enlève-moi, frégate!
Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs!
*

*L’étranger et Mœsta et errabunda, C. Baudelaire

Illustration: photographie de lynnemargaret/Flickr

  1. anne says:

    j’ai toujours éprouvé un sentiment de non – existence dans ces longs courrier, comme décorporée, je flotte dans un néant, sans avoir aucunement peur, le temps est juste suspendu, en pause.

    mais la citation…elle s’adresse aux passagers emportés loin, très loin…

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Patrick Corneau