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Le grand combat aujourd’hui c’est d’échapper à la tyrannie du temps réel, cette pointe du présent qui nous cornaque comme des animaux rétifs. C’est la question qui traverse le livre impeccable, virevoltant et irritant de Sollers Les voyageurs du temps*. Ces voyageurs du temps sont des passeurs qui traversent le temps présent pour aller loin. Connaître ce qui est loin, c’est-à-dire accéder aux « profondeurs intérieures »: Melville, Lautréamont, Proust, et surtout Rimbaud, le « mage ». Là se trouve le « temps vrai » que Sollers oppose au  « temps menteur », celui du présent perpétuel qui nous hypnotise ou nous dévore. Sollers: « Il y a un temps menteur organisé, il y a un temps vrai. Le temps vrai est gratuit, comme un bloc d’or au fond au fond d’un bourbier ». Il est possible alors de parler de poésie. Les voyageurs du temps, tels des gnostiques, ont vu le « bloc d’or ».
La poésie comme levier pour l’envol hors de la prison du temps.
La littérature serait-elle une gnose? Les mots de la poésie peuvent-ils ressusciter? Oui, ressusciter. Telles sont les hypothèses impardonnables de ce livre désinvoltement désigné « roman ».

Exaspérant
comme tout ce qui dérange notre sommeil (ou notre affairement mais c’est la même chose).

« Poète, regarde bien ta couronne d’épines: tu y
Trouveras dissimulée une guirlande de lauriers qui bourgeonne.”
   Khalil Gibran, Le sable et l’écume et autres poèmes

*Les voyageurs du temps, Gallimard, 2009.

 

Illustration: photographie anonyme

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Patrick Corneau