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Hier, 3 février 2009, Simone Weil aurait eu 100 ans. Cette Antigone mystique au cœur du chaos a fait jusqu’au bout l’expérience d’une vie qu’elle voulait juger, sans remords ni détour. Elle est plus que jamais de ces intercesseurs – avec Etty Hillesum, sa soeur en Grâce si l’on peut dire –  dont la compagnie nous est indispensable: ils sont ce sans quoi un mûrissement, une naissance à soi-même, sont impossible. Ils nous enseignent, paradoxalement que la vraie grandeur consiste à n’être plus rien. Faisant fi de son génie, Simone Weil le savait trop bien: elle seule a désiré être absente de son œuvre. Pure messagère, elle s’efface pour mieux mettre en présence l’Idée et le lecteur, la Pensée et l’esprit, le Créateur et la créature. Sa vie, qui n’est jamais donnée en exemple, est « la preuve que l’absolu n’est pas un mot ».

« Toute les fois qu’un homme s’élève à un degré d’excellence qui fait de lui par participation un être divin, il apparaît en lui quelque chose d’impersonnel, d’anonyme. Sa voix s’enveloppe de silence. Cela est manifeste dans les grandes œuvres de l’art et da la pensée, dans les grandes actions des saints et dans leurs paroles. » (Attente de Dieu)

« Elle se reposait dans les pensées qui m’ôtaient le repos », disait son ami, le poète Joë Bousquet. En 1940, Bernanos s’insurgeait que tout dans la société n’était que conspiration contre la vie intérieure. Aujourd’hui, y a-t-il encore des pensées qui puissent nous détourner des babillages ambiants sur le taux actuarial brut, le cours du Brent, les marchés à termes?

  1. Joël Minois says:

    J’ai tenté de lire l’Attente de Dieu et le livre m’est tombé des mains. Vous me donnez l’envie de faire une nouvelle tentative, cela me fera au moins remettre la main sur l’ouvrage laissé de côté il y a au moins 40 ans !

    Il faut lire les passages absolument sublimes sur « l’attention », principe dont S. Weil fait la clef de toute étude intellectuelle (précieux en période de « zapping » généralisé) ainsi que de l’éthique en général. On comprend que l’attention englobe finalement toutes les attitudes de la vie, mais on l’oublie… 😉

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Patrick Corneau