M

Mélancolie, connaissance de soi et vérité

sweertsself-portrait1656.1202055279.jpg« Dans certaines de ses autres plaintes contre lui-même, il (le mélancolique) nous semble également avoir raison, et ne faire que saisir la vérité avec plus d’acuité que d’autres personnes qui ne sont pas mélancoliques. Lorsque, dans son autocritique exacerbée, il se décrit comme mesquin, égoïste, insincère, incapable d’indépendance, comme un homme dont tous les efforts ne tendaient qu’à cacher les faiblesses de sa nature, il pourrait bien, selon nous, s’être passablement approché de la connaissance de soi, et la seule question que nous nous posions, c’est de savoir pourquoi l’on doit commencer par tomber malade pour avoir accès a une telle vérité. »

S. Freud, Métapsychologie, trad. par Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Gallimard, « Folio », 1990, pp. 146-147.

Outre la défense et illustration de la mélancolie, complexion généralement condamnée par la plupart des auteurs, nous retiendront dans cet extrait l’interrogation qui le conclut et ouvre à un abîme de perplexité…

Illustration: « Self-Portrait », Michiel Sweerts, 1656.

  1. DESORMIERE says:

    Est-ce que ce ne serait pas parce que nous savons profondément ce que sait le mélancolique et qu’étant « malade » il a perdu toutes les défenses que nous mettons en oeuvre inlassablement ? le divertissement…

  2. joelminois says:

    Robert (pas Richard !) Burton a écrit trois tomes sur le sujet mais je n’ai pas eu le courage d’aller jusqu’au bout et de toutes manières c’est moins concis que votre citation !

  3. Jean Louis says:

    A moins que la vie, les centres d’intérêts, les idées du mélancolique ne soient propres, justement, à susciter ce genre de travers : mesquinerie, égoïsme etc Préparant lui-même sa potion, il est bien placé pour savoir de quoi elle est faite.

    Autrement dit : j’ai de moi l’image d’un mélancolique, j’approfondis la mélancolie, je me reconnais dans les visages de la mélancolie, je m’identifie à ces caractères etc

  4. Jean Louis says:

    J’ajoute que les psychologues sont portés à croire (pour continuer leur métier) en l’existence des choses de l’esprit. Comme si les causes des manifestations psychiques existaient quelque part de façon stables et qu’il faille les démasquer pour les éliminer.
    En fait, ces causes sont imaginaires, ce sont des créations de la pensée. Elles varient quand la pensée varie.

Répondre à Jean LouisAnnuler la réponse.

Patrick Corneau