magdalenawanli.1209749841.jpgEn regardant jeudi dernier Vu du Ciel, l’émission de Yann Arthus-Bertrand, pleine de bons sentiments, saturée de belles images (une musique aux forts accents mélodramatiques venant, par ailleurs, en atténuer l’esthétique de papier glacé), je me disais que le rationalisme écologique est imparable, que toutes les objurgations pour sauver le vert, la mer, la vie sauvage vont de soi sinon… et pourtant qu’un conseil pour survivre n’a et n’aura jamais aucun effet. La survie n’intéresse pas concrètement l’âme humaine; la réponse du cœur est glaciale*. Ce que nous cherchons ce n’est pas la survie de l’espèce (qu’est-ce que l’espèce?), c’est un sens à la vie.

Construire un « espace vert » comme un champ de pommes de terre: pins ou eucalyptus alignés au cordeau, rigoureusement espacés, etc. ne donne pas une forêt avec des arbres, gent chevelue, humide et cornue, pleine du mystère des fées, des nymphes et des dieux qui l’habitent, bref riche d’une existence transcendante et sacrée. Oui, sacrée. Au comble de la sécularisation, tout cela ne parle plus à l’homme qui ne voit là que des choses. L’écologie si elle use de la compassion n’a que faire de la dévotion, et elle échouera parce que son horizon mental n’est pas, tout au fond, différent de celui du destructeur.
« Le monde, vase spirituel, ne peut être modelé. Qui le modèle, le détruit. » (Tao-te-king, chap. XXIX)

* Sans le frein d’une terreur sacrée compensatrice, l’Irréparable survient. Ce qu’avait bien compris Günther Anders.

Illustration: photographie de Magdalena Wanli

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Patrick Corneau