oblomov.1209631530.JPGAction supérieure de l’inaction

En Orient :

« Un prince voulait faire exécuter des peintures dans son palais; une foule de peintres répondirent à son invitation et, après avoir présenté leurs respects, ils s’affairèrent aussitôt devant lui, léchant leurs pinceaux et broyant leur encre. Un seul, toutefois, arriva après tous les autres; sans se presser, il salua le prince au passage, puis disparut en coulisses. Intrigué, le prince chargea un serviteur d’aller voir ce qu’il faisait. Le serviteur revint, tout perplexe: ‘Cet individu s’est déshabillé et il est assis demi-nu, à ne rien faire. – Splendide ! s’écria le prince, celui-là fera l’affaire c’est un vrai peintre!' » (Zhuang Zi)

En Occident :

Daumier vint un jour trouver un voisin de campagne: « J’ai besoin d’un canard pour une lithographie, mais j’ai oublié comment c’est fait. Peux-tu m’en montrer un? » L’ami le conduisit à la mare au fond de son jardin et, comme Daumier s’absorbait dans la contemplation des canards, l’autre lui demanda: « Veux-tu un carnet et un crayon? » « Penses-tu! Je ne peux pas dessiner d’après nature! » Enfin, l’image des canards gravée dans son esprit, Daumier prit congé. Et la semaine suivante, le Charivari publiait des canards signés Daumier, d’une vie et d’une vérité saisissantes… (anecdote rapportée par Simon Leys dans Le bonheur des petits poissons)

En ce jour consacré à la célébration du repos, de l’inaction, il m’a semblé que le moindre effort consisterait à faire parler les autres, bref à citer… 😉

Illustration: Couverture de l’édition Folio d’Oblomov d’Ivan Gontcharov

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Patrick Corneau