« Au printemps, je vois les glycines en fleurs; elles s’étalent à l’ouest comme un nuage violet. En été, j’entends le coucou. Il promet de me guider sur le sentier de la Montagne de la mort. En automne, le chant des cigales résonne à mes oreilles. Il me semble entendre, en ces insectes, la tristesse du monde. En hiver, je regarde, bouleversé, la neige. Sa façon de s’amonceler et de fondre ressemble à nos péchés qui apparaissent et disparaissent.
Quand la prière me rebute ou que la lecture des sûtras me paraît vaine, je m’accorde du repos et je choisis de ne rien faire. Aucun censeur, partant aucune honte. Sans faire particulièrement vœu de silence, je ne m’expose guère par ma solitude aux péchés de la langue. »

Extrait de Hôjôki, Notes de ma cabane de moine (Gallimard, 1980), rédigé en 1212 par Kamo no Chô­mei

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Illustration: Glycines du Japon, photographie de Valérie Schaffaert

  1. leila zhour says:

    il est vrai que le péché de la langue est un fait de notre monde bavard.
    Moine, on serait contraint de tenir compte de la portée de nos propos. Je distribuerais volontiers quelques robes à des hommes en vue qui parlent beaucoup ces temps-ci….

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Patrick Corneau