tadcholinski.1200752156.jpgFrançois Mitterrand parlait à propos de ses femmes de « fidélités cumulatives ». C’est une bonne expression pour décrire la manière de consommer l’information sur internet – quand on veut et avec qui on veut et les bouleversements du lien social qui s’ensuivent. Le Web permet aux individus d’entrer en relation non plus en raison de leur appartenance à une classe sociale, ni de leur lieu d’habitation mais en fonction de leurs centres d’intérêts. D’où le succès d’un site comme Facebook. Un processus d’élection par cristallisation d’intérêts ou de profils affinitaires (« qui se ressemble, s’assemble ») scandé par une règle d’une simplicité minimale: combien de visites au compteur? Il y a quelques années, extrapolant le modèle de production O-Ring (obligation d’un même niveau d’excellence sur la qualité de travail sur l’ensemble du processus de production dans une organisation), Daniel Cohen* avait montré que dans nos sociétés les lieux habituels de socialisation deviennent le siège d’un processus « d’appariement sélectif », c’est-à-dire d’associations « entre personnes homogènes ».
Lorsqu’on a fait ces constats, a-t-on avancé pour autant? La recherche du semblable ou du prochain sont des « attracteurs » bien étranges (au sens de la théorie du chaos) dans l’univers numérique: qu’est-ce qui pousse des internautes à se connecter, par exemple, sur Twitter, ce site qui met en réseau les gens selon ce qu’ils sont en train de faire à l’instant « t »? Où réside le sentiment de se sentir proche les uns des autres? Quand je lis chaque lundi le « trafic report » de sitemeter.com, je suis toujours perplexe (agréablement) devant la croissance des chiffres d’audience de ce blog pas vraiment généraliste, ni « tendance » il faut tout de même l’admettre (plutôt monomaniaque diront certains), et dont la formule même me reste obscure… Qu’est-ce qui agrège les improbables visiteurs que vous êtes, chers lecteurs? Mystère**.

* Richesse du monde, pauvreté des nations, Champs Flammarion Sciences, 1999.
** J’ose espérer qu’une partie de la réponse n’est pas trivialement enfouie dans les algorithmes du « PageRank » de Google 😉

Illustration: « The web », photographie de Tad Cholinski

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Patrick Corneau