ipodlorgnon.1197713149.jpgQuand j’entends parler de « beaux livres », je pense à ceux qui vous parlent de la « belle musique »… Pas un magazine qui ne vous présente sa sélection de « beaux livres » à offrir. On nous dit que c’est un marché saisonnier dont 40% se vend en fin d’année. Il y avait 3251 titres en 2006, une hausse de 10 % par rapport à 2005. L’année 2007 paraît encore plus mirifique avec des titres dont les prix vont de 9,90 euros (des tirages « limités » dans des collections de poche, on ne recule pas devant le paradoxe!) à 480 euros chez des maisons spécialisées dans le livre de luxe. Ce qui surprend c’est la pléthore et l’éclectisme (avec une tendance très accentuée pour le mauvais goût: paradoxe, encore, du « beau livre » kitsch). En dehors des sempiternels livres sur la Renaissance italienne et la peinture dite rétinienne (Courbet au pinacle), c’est un fourre-tout qui ratisse large: la faune, la flore, l’histoire, les voyages, les sports, le cinéma, la spiritualité, la gastronomie, l’humour… On bourre les rayons: la présentation « en tête de gondole » ou l’empilement par palette pour les succès annoncés. Cet amoncellement de papier glacé sous couvertures rutilantes, avouons-le, a quelque chose de franchement déprimant. De tous ces coffee table books combien resteront sur la table du salon à côté de la boîte de chocolats? Combien connaîtront l’oubli d’un sommeil poussiéreux dans le bas d’une bibliothèque? Combien subiront la honte de poussives enchères sur eBay ou, pire, l’opprobre du vide-grenier?

Illustration: photomontage ©Lelorgnonmélancolique à partir d’une photographie du livre de Sophie Calle  Prenez soin de vous, Editions Actes Sud, 2007.

  1. Danalia says:

    Il y a aussi les livres que l’on offre après les avoir reçus, parce qu’ils ne nous intéressent pas du tout… Je ne citerai pas de nom, mais un certain auteur français, qui connut le succès voilà quelques années, a commis plusieurs ouvrages avec et sans photos, qui me furent généreusement offerts en de grandes occasions… Je m’en suis vite débarrassée en faisant plaisir à des amis, moins difficiles que moi…

    Oui, faire plaisir à moins exigeant que soi (le cadeau comme « patate chaude » que l’on se repasse…) ou alors la solution du « bookcrossing ». 😉

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Patrick Corneau