Sur les quais de la gare nombreux sont ceux qui vérifient leurs billets, lèvent les yeux vers les panneaux ou cherchent à repérer dans la composition du train l’emplacement de leur voiture. Chacun à sa façon essaie de réduire la part d’aléas et de dérangement que tout déplacement suscite dans la ouate du quotidien. Les voyages ne sont pas si faciles, pas aussi simples qu’on fait semblant de croire, chacun essaie de transporter son monde, de préserver sa vie et son identité pour rester indemne et arriver exactement tel qu’il est parti – niant ainsi l’essence du voyage.

Nous passons nos vies les yeux rivés au sol, prisonniers de nos obligations réelles ou de celles que nous nous imposons, des destinées que nous traçons ou que l’on nous a tracées alors qu’il suffirait d’un pas de côté, de prendre le risque d’assumer l’étrangeté, voire l’ »étrangèreté » de la condition de voyageur pour prendre la mesure de notre existence, voir que nous sommes autre chose que ce que nous paraissons et retrouver ultimement cette fraction de nous-mêmes dégagée de la vie triviale où l’on a rampé.

Photographie: « Girl at platform », Karina Brys.

  1. François says:

    Cette belle photo et ce texte me font inmanquablement penser aux tableaux du célèbre peintre surréaliste belge, Paul Delvaux, dont l’maginaire s’est promené tout au long de sa carrière parmi les gares et les trains.

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Patrick Corneau