Illettrisme contemporain: un ministre qui, pour « communiquer », décide de réduire son lexique à 500 mots. Envergure qui, selon le linguiste Alain Bentolila, est celle de la langue des « ticés » (cités). Langue de proximité, langue du ghetto, de ceux qui sont obligés d’être là et qui partagent les mêmes anxiétés, les mêmes manques, la même exclusion; en un mot: le même vide. Stade ultime d’une décadence que personne ne voit parce que tous l’ont acceptée: la démolition des structures de la pensée avec la ruine de la langue.

  1. Choses vues says:

    Au chapitre de la démolition de la langue, entendu parler de la création en bordelais d’un “lieu de vie” (sic) consacré au vin portant le nom monstrueux de “ La Winery ” !
    Quand on perd sa langue on perd son âme. Et le vin son esprit…
    Lorgnon linguistique au secours !

  2. Lorgnon mélancolique says:

    Oui, soit on appauvrit, maltraite ou bien on crée des néologismes horribles (votre exemple) approximatifs ou fantaisistes comme la « bravitude » (la « brave attitude »?) de Ségolène Royal (du haut de la Grande Muraille de Chine) dont on ne sait si c’est une « gaffe » linguistique ou un truc de communicant pour faire parler dans le landerneau médiatique!?

  3. gmc says:

    « toutes choses sont libres du langage » (soûtra de l’Entrée à Lankâ, Vème siècle, Fayard 2006)

    le privilège de nommer revient au porteur de lumière – qui n’est pas la lumière – et le nom du porteur de lumière est…Lucifer.

    et, pour le fun, une petite chose composée il y a deux heures.

    BOISSON POUR IVRE-MORT

    Poésie, éternel rafraîchissement, mojito incendiaire qui insense les sens, fleuve d’acide qui ronge implacablement les scléroses de l’anémie, marteau de soie pour hallucinés du sens. Poésie, seule expression au monde qui donne un sens aux mots qui n’en ont pas, c’est-à-dire tous, qui macule le bruit de silence tonique, qui annule les délires des autoroutes en forme de cul-de sac du langage pour retrouver les sentes spatiales de l’esclavage libérateur. Poésie, chemin des dépravées de l’organique, patio rutilant à l’ombre des absences, antichambre ouverte de la clarté, phase terminale des cancers du cerveau. Poésie, un mot d’Amour sans rien dire, un fleuve de mots pour dire des sottises en forme de brûlants joyaux, une guerre atomique sans lever le moindre doigt, un téléphone rouge sans fil et sans correspondant, le cri du muet volubile, la main de la tueuse de velours. La Vie, en somme.

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Patrick Corneau